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MÉLANGES.

couvert et bien court, est le cachet du bon goût d’un fashionable de l’Archipel. En général, toute cette population est laborieuse, et la misère ne l’atteint pas.

Rien n’égale la haine qui anime les Latins et les Grecs les uns contre les autres. Ce sentiment fanatique a pris une nouvelle force pendant les fluctuations de la révolution grecque. Soupçonnés de connivence avec les Turcs auxquels seuls ils pouvaient avoir recours pour obtenir justice, les Latins ont éprouvé plus d’une fois de sanglantes avanies ; et dans ce moment encore, où ils s’étaient flattés de l’impartialité du président, ils continuent à être l’objet de l’animosité et des vexations continuelles de l’administration. L’annonce d’un nouveau chef pour la Grèce est venue ranimer leurs espérances ; toutefois, comme ces imaginations ardentes sont peu capables de se renfermer dans des limites raisonnables, peut-être est-il vrai de dire que c’est moins par l’espoir de cesser d’être opprimés que par celui d’être oppresseurs à leur tour, que ces insulaires appellent de tous leurs vœux le nouveau prince qui leur est promis. Ce sera à lui à borner avec sagesse la justice qui leur est due.

Il y a à Tino un archevêque grec et un évêque latin : la puissance spirituelle du premier s’étend jusqu’à Andros ; le second est à la fois chef apostolique de Tino et de Myconi. Leurs revenus fixes sont en général fort médiocres ; mais ils exploitent l’un et l’autre le casuel avec une activité qui n’est pas sans résultat.

Le nouveau monastère grec, Evangelistra (l’Annonciation), mérite d’être remarqué. Il est construit sur une hauteur qui domine la ville de San-Nicolo. Cet édifice, de construction bizarre, n’est pas encore terminé ; on se propose de bâtir dans quelques années l’aile gauche qui manque. Les offrandes que lui vaut chaque jour la grande réputation dont il jouit dans l’Archipel permettront aisément de faire bientôt cette dépense. On prétend qu’en 1823, un Tiniote aperçut en songe la Vierge, qui lui ordonna