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MŒURS DES ANCIENS ROIS DE PERSE.

de Xerxès, étant parvenue à s’emparer de la personne d’Artaynte, sa belle-sœur et sa rivale prétendue, la fit maltraiter et mutiler d’une manière si cruelle, que nous n’osons en faire le récit.

Les épouses légitimes du prince étaient distinguées de ses concubines, différence qui existait aussi dans les classes inférieures. Comme tout se rattachait à l’organisation des tribus, les rois choisissaient leurs épouses dans la famille de Cyrus ou des Achéménides. Cependant l’exemple d’Esther paraît prouver que des concubines étaient aussi parfois élevées au rang des reines. On leur donnait alors les insignes royaux, le diadème et le reste de la parure. Mais les reines régnantes étaient habituellement soumises aux mêmes restrictions que les concubines, et on rapporte de Statira, comme une chose tout extraordinaire, que, bravant cette étiquette gênante, elle se montra en public sans voile.

L’incertitude de la succession au trône est inséparable des gouvernemens de sérail. Bien que la coutume en Perse donnât l’exclusion aux fils naturels, les intrigues de leurs mères et des eunuques, secondées par le poison, surent pourtant quelquefois leur frayer le chemin du trône. L’aîné des fils légitimes du roi lui succédait régulièrement, surtout lorsqu’il était né pendant son règne[1]. Le roi

  1. Herod. vii. 2. Chez les Perses, comme dans tous les empires despotiques, il y avait du sang versé à chaque changement de règne. On exécutait les prétendans à la couronne, ou on leur cre-