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HISTOIRE.

être pas difficile de fonder à Suez un entrepôt du commerce français avec Madagascar.

Ce travail serait incomplet, si je ne ramenais l’attention sur la culture de l’indigo. C’est la plus importante de toutes les branches d’agriculture coloniale. De nos jours, le monde entier est contraint d’acheter ce précieux produit des mains des Anglais ; dans leurs vastes possessions de l’Indoustan, ils recueillent le meilleur indigo connu, sans en excepter celui du Brésil, où cette culture dépérissant avec rapidité a fini par être entièrement abandonnée. L’indigo se plaît sur les bords des rivières, et surtout dans les terrains d’alluvion ou souvent inondés. De là le succès merveilleux qu’il obtient dans l’Inde, et particulièrement au Bengale.

Les révolutions toujours renaissantes qui désolent l’Amérique, et l’impossibilité à peu près reconnue maintenant de naturaliser cette plante sur les côtes africaines où nous avons des colonies, en dépit des soins et des sacrifices de tout genre que la France s’est imposée pour l’acclimater, principalement au Sénégal, nous avertissent qu’il faut enfin porter une sérieuse attention sur la grande île où notre intelligente activité introduira plutôt qu’ailleurs un système complet d’agriculture coloniale. Les nombreuses rivières dont Madagascar est arrosée en tous sens, et l’inépuisable fécondité du sol, favoriseront à souhait la culture de l’indigo. La récolte y rivalisera bientôt avec celle du Bengale. Quant à la position géographique de l’île, elle est plus