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HISTOIRE.

Madagascar, bien que soumise à l’influence d’un climat plus destructif qu’aucune de ces îles, mérite néanmoins la préférence sur les autres par des motifs dont on va sentir toute la justesse. D’abord, de toutes ces grandes terres insulaires, Madagascar est sans comparaison plus rapprochée de l’Europe ; puis la proximité d’une autre colonie française double en quelque sorte le pouvoir offensif et défensif de ces deux établissemens ; enfin l’insalubrité de cette île superbe, tenant à des causes accidentelles, au défaut de culture, à des eaux croupissantes, à des lacs, et surtout à des rivières qui n’ont pas la force de s’ouvrir un passage jusqu’à la mer, il s’ensuit que la main des hommes, par des travaux de desséchement dirigés avec art et par une grande persévérance, peut y rendre l’air aussi pur qu’au Bengale, où la mortalité n’est pas excessive parmi les Européens.

La vérité de cette assertion va frapper tous les esprits : à Madagascar, il est confirmé par une expérience générale, et j’en appelle au témoignage de tous les Européens qui ont osé s’aventurer dans l’intérieur de l’île, il est confirmé, dis-je, que les lieux élevés et les plaines unies, les terrains secs et toutes les parties de l’île où l’on ne voit ni semences de riz, ni marais, n’ont rien de funeste à la santé. Tananarive (Émirne), capitale de l’empire de Radama, jouit d’une température douce et salubre : la fièvre de marais, qu’on appelle au Bengale fièvre des suterbunds, n’y exerce jamais ses ravages.