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ANNALES DU RAJASTHAN.

dard à tige de roseau, ces armes faites pour la guerre servent également aux jeux de la paix auxquels on initie dès l’âge le plus tendre les enfans eux-mêmes. Pour exercer leurs bras, et peut-être pour les accoutumer à voir sans crainte couler le sang, on leur apprend avec de petits sabres légers à faire sauter la tête des chiens et des chats. Il est assez naturel qu’une pareille éducation produise le courage et la férocité qui distinguent éminemment cette race d’hommes.

Les maisons du Rajasthan n’ont pas de meubles. Le plafond est souvent peint ou doré, et supporté par des colonnes ; les murs ne présentent qu’une masse de glaces, de porcelaines et de marbres ; mais cette brillante enveloppe ne renferme rien. Un tapis tient lieu à la fois de chaises, de tables et de lits, et les visiteurs s’y placent selon leur rang ou leur fortune.

De même que dans tout l’Orient, les femmes du Rajasthan ne sont point libres ; mais ici leur réclusion n’a rien qui puisse répondre à l’idée de honte et de faiblesse que nous attachons à ce mot : leurs époux, qui ne cessent jamais d’être amans, les traitent constamment avec ces égards et cette déférence qui pourraient faire croire à des Européens qu’ils sont soumis à leurs caprices. Mais cette conduite n’est que la juste récompense due à des femmes qui partagent tous les sentimens de leurs belliqueux époux, et qui punissent par le mépris l’oubli des devoirs ou le manque de courage. Lorsque Jesswunt-Sing fit la guerre à Aureng-Zeb, il fut contraint de fuir,