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HISTOIRE.

un abattement plus grand encore, et qui laisse le corps et l’intelligence dans une espèce de long anéantissement.

Le jeu est, pour ainsi dire, un autre enivrement auquel ces peuples s’abandonnent sans réserve. Ils jouent leur argent, leurs propriétés, leurs femmes, leur liberté, et quelquefois perdent le tout ensemble. Yovdishtra jouant contre Duryodhana perdit le trône de l’Inde ; il joua la belle et vertueuse Droupolivi, et la perdit également ; enfin, mettant au jeu sa liberté, il fut obligé de s’exiler du pays pendant douze ans. À la prise d’Ontala dont nous venons de parler, deux chefs mogols étaient à faire une partie d’échecs lorsqu’on leur annonça l’attaque de la ville. Ils continuèrent malgré l’assaut, et se virent bientôt entourés d’ennemis auxquels ils demandèrent pour toute grâce la faculté de terminer leur partie, ce qu’ils ne pouvaient manquer d’obtenir de la part de leurs vainqueurs. Mais à la fin de cette partie, et lorsque l’intérêt qu’elle avait fait naître fut éteint, ils furent mis à mort l’un et l’autre.

Les armes en usage dans le pays sont de toute beauté et d’un grand prix. On se sert de préférence du sabre légèrement recourbé comme le damas ; mais les lames droites et à deux tranchans sont assez communes. Les fusils à deux coups sont du travail le plus fini et ornés d’or et de perles. L’intérieur des boucliers en peau de rhinocéros est orné de riches dessins et de peintures élégantes. Ainsi que l’arc de corne de buffle et le