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ANNALES DU RAJASTHAN.

que les Chondawuts escaladèrent les remparts. Le chef des premiers comptait sur les éléphans qu’il avait sous ses ordres ; mais ces animaux ne pouvaient faire usage de leurs forces, arrêtés par des pointes en fer qui garnissaient les portes. Désespéré de cet obstacle, il plaça son corps contre les pointes, ordonna de faire avancer les éléphans, et bientôt roula en lambeaux dans la place avec les débris de la porte. Mais cet acte inoui d’audace et de dévouement ne donna pas à sa troupe l’avantage qu’il en attendait ; car le chef de la tribu rivale étant tombé mort au pied des remparts, un de ses guerriers le saisit, l’attacha sur ses épaules, parvint, la lance au poing, jusque sur le parapet, et jeta dans la place le corps mutilé de son prince, en s’écriant : « L’avant-garde est aux Chondawuts, ils sont arrivés les premiers. »

On peut croire que chez de tels hommes l’ardeur de la vengeance est portée jusqu’à la fureur. En effet, aucune considération divine ou humaine, aucune loi ne peut engager à accorder le pardon d’une offense. L’exaltation de ces passions est entretenue par l’usage habituel et exclusif de l’opium. La première offre que fait un hôte à celui qui vient le visiter est une prise de ce poison ; lorsque, dans un jour de fête, plusieurs amis se réunissent pour renouveler et resserrer les liens de leur amitié, on fait circuler à la ronde une grande coupe contenant une dissolution d’opium à laquelle goûtent tous les assistans. Ce breuvage produit une vive excitation uniformément suivie par