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LA GRÈCE EN 1829.

leur donnait la supériorité d’influence et de richesse sur les autres familles du pays, et elle devait être fort précaire. C’étaient eux cependant qui représentaient leur pays auprès de la Porte, et un de leurs fils y était toujours détenu comme ôtage. L’organisation à laquelle on peut le mieux comparer celle du Magne (autant que cette comparaison peut s’appliquer à un pays barbare) est une féodalité libre. Les familles auxquelles leurs richesses donnent de l’influence réunissent autour d’elles un nombre de bandits plus ou moins grand ; c’est avec eux qu’elles portent le pillage au-dehors, et se font la guerre entre elles. On remarque dans les villages leurs maisons fortifiées, comme elles l’étaient chez nous au moyen âge. Les Maïnotes n’ont jamais été positivement conquis par les Turcs, parce que ces derniers s’occupaient peu de la possession d’un pays d’aucune valeur ; ils ne leur payaient qu’un léger tribut que recueillait le Capitan Pacha dans sa tournée annuelle, et ils étaient assimilés aux insulaires de l’Archipel. Dans la guerre des Égyptiens, ils ont su se défendre contre Ibrahim, et une attaque qu’il tenta contre Cechriès, où un retranchement permanent a été élevé depuis nombre d’années, fut infructueuse. Il ne l’a pas renouvelée, parce qu’il fut distrait par d’autres soins, et aussi parce qu’il jugea inutile de s’obstiner à une attaque dont la réussite était indifférente pour ses vues, et ne le dédommagerait jamais de ce qu’elle pourrait lui coûter. Il préféra se servir des Maïnotes pour faire venir secrètement de Candie les approvisionnemens dont le