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HISTOIRE.

entre les deux partis. J’ajouterai que ceux qui sont dans la bouche des Moraïtes me paraissent les mieux fondés. Il faut même dire une chose à leur louange ; quand les Rouméliotes se montrent si indifférens sur le sort de la Morée, si mécontens même de ce qu’on a fait pour elle, les Moraïtes au contraire ne cessent de témoigner un vif intérêt pour le sort de la Roumélie. Dans leurs idées sur l’indépendance et l’état grec, ils trouvent que la Grèce ne peut être forte si elle est bornée à l’isthme de Corinthe, et ils souhaitent ardemment que les limites en soient étendues. Les Moraïtes sont beaucoup plus susceptibles d’organisation que les autres ; il y a bien moins de pallikares parmi eux, et l’on peut plutôt espérer de rétablir un gouvernement régulier dans leur pays que dans les rochers de la Roumélie, qui n’ont jamais servi de retraite qu’à des bandits. Il est très-vrai que les principaux fauteurs des désordres ont été les Rouméliotes ; que sans eux la Morée serait probablement venue à bout de s’asseoir et de se garantir d’une grande partie des maux que l’anarchie et la guerre civile ont traînés à leur suite.

Mais la Morée elle-même est bien loin d’être sans divisions. Il y a chez elle des montagnards et des cultivateurs des plaines. Les Arcadiens, et surtout les Maïnotes, ont toujours mené un autre genre de vie que les habitans de l’Argolide, de la Corinthie, de l’Achaïe, de l’Élide et de la Messénie, des environs de Tripolitza et de Mistra. Ce sont des pallikares, comme les Rouméliotes ; comme eux, ils ne vivent que de ra-