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HISTOIRE.

sister que par le vol, et dont nous avons plus d’une fois éprouvé la dextérité en ce genre ; ou bien ils ont rencontré, dans le peu de villages qui ont conservé quelques maisons, des fainéans accroupis, la pipe à la bouche, devant quelques poignées de figues et d’ognons, gagnant à peine quelques paras à ce misérable commerce, mais s’estimant heureux de n’avoir rien à faire. Nulle part enfin ils n’ont vu du travail. Je n’aurais pas été plus heureux si je n’avais passé quelque temps dans l’intérieur, et si je n’y avais reconnu une classe bien différente de ces pallikares si méprisables, quoique la plupart de ceux que nous voyons aujourd’hui y ont peut-être appartenu autrefois. C’est sur cette classe qu’a pesé tout le fardeau de la guerre.

Les campagnes ont été ravagées, les maisons brûlées, la population réduite au désespoir. Lorsqu’elle prit les armes par un mouvement spontané, qui fut beau, elle n’avait, je l’ai déjà dit, d’autre modèle devant les yeux que les bandits des montagnes. Elle ne pouvait faire la guerre autrement qu’à leur façon, et aucun résultat n’en pouvait sortir ; car cette guerre, dont je parlerai plus loin, n’est qu’une suite de pillages, de petites embuscades, d’actions isolées, où la ruse vient au secours de la lâcheté ; en un mot, c’est une guerre de brigands incapables de tenir contre un ennemi tant soit peu organisé. Cependant les Turcs, pris au dépourvu, furent chassés de la Morée, à l’exception de quatre places qui eurent le temps de s’approvisionner ; c’étaient le château de Morée, Patras, Coron