Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
HISTOIRE.

n’était pas essentiellement un, et je dirai presque tout d’une pièce. Les Grecs qui étaient bien loin de posséder cet avantage, les ont profondément ressenties, et la nature y est venue joindre encore son immense influence. Des riches plaines de la Thessalie et de la Macédoine aux rochers du Pinde et de l’Albanie, le caractère des peuples devait se dessiner en traits bien opposés, lorsque surtout le défaut de civilisation empêchait tout rapport des uns avec les autres.

Population des montagnes.

Les habitans des plaines sont tous cultivateurs ; les montagnards aiment mieux la vie sauvage. Aucune espèce de culture n’apparaît entre leurs rochers ; quelques troupeaux, ou bien la pêche pour ceux qui sont près des côtes, forment tout leur revenu. Les Turcs ne se sont établis que dans les pays riches, et ont abandonné à qui voudrait les prendre des montagnes pelées, rebelles à la culture. Les tribus grecques qui s’y sont établies, trouvant à peine de quoi subsister, ont toujours été insignifiantes par rapport au reste de la population, et se seraient probablement fondues dans la masse, sans cette force d’habitude qui attache, comme on sait, les montagnards, plus que tous les autres, à leur pays, et surtout sans l’aversion pour le travail, qui leur faisait préférer une vie rude, mais indépendante, aux habitudes laborieuses du cultivateur des plaines.