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LA GRÈCE EN 1829.

trouve au-dehors dans une proportion toute contraire. Dans l’Attique, dont le sort a presque toujours été lié à celui de la Morée, les Turcs ne sont pas beaucoup plus nombreux. Ils le deviennent rapidement dès qu’on entre dans la partie de la Roumélie désignée sous le nom de Grèce occidentale ; enfin, dans la Thessalie, dans la Macédoine, dans l’Albanie, ils le deviennent de plus en plus jusqu’à ce qu’ils égalent ou surpassent même la population grecque. Je ne puis dire quelle est l’échelle que suit cette proportion ; je crois même qu’il est extrêmement difficile de la préciser avec quelque espérance d’exactitude ; j’ai simplement voulu signaler le fait. On sait que les Turcs ne font aucun recensement, ne tiennent aucun registre. Tout ce qu’on peut espérer d’apprendre à ce sujet ne peut se savoir que par les Grecs, qui n’ont eux-mêmes d’autre moyen que celui des évaluations. Une pareille source est toujours fort suspecte : elle l’est ici plus qu’ailleurs. Comme les Grecs ont intérêt à grossir leur nombre, pour diminuer celui des Turcs, on doit s’attendre de leur part à l’exagération qui leur est habituelle : le travail fait à Poros par les trois ambassadeurs doit nécessairement s’en ressentir, et il a certainement besoin de grandes corrections.

Lorsque les causes que j’ai signalées plus haut ont produit dans la composition de la population des différences aussi marquées, elles devaient produire dans les élémens mêmes dont elle se compose des dissemblances également sensibles. Elles auraient agi sur les Turcs, si, comme je l’ai dit, ce peuple