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VOYAGE AUX ÉTATS-UNIS.

d’un mille de largeur, et ses digues ont 20 brasses (50 pieds) d’élévation[1]. Le Mississipi, à la Nouvelle Orléans, est dix fois plus large que le Pô, et ses digues sont plus élevées que celles de ce fleuve, de sorte que dans la grande hauteur des eaux, les vaisseaux dominent les maisons de la ville.

La Nouvelle-Orléans, fondée par les Français en 1717, était une ville de 5 à 6 mille ames ; mais dans l’espace d’un siècle elle a quintuplé sa population, malgré sa situation au milieu d’un air insalubre. On y voit actuellement de beaux bâtimens construits en briques, à trois ou quatre étages, des rues assez larges, bien alignées, de belles églises, un bel Hôtel-de-Ville, un collége spacieux et des prisons. La majeure partie de ces édifices publics a été bâtie aux frais d’un riche négociant espagnol, qui y employa douze millions. Autour de la ville, et notamment sur les digues du fleuve, sont de charmantes promenades, d’où l’on découvre des points de vue très-pittoresques. Il y a en ce moment trois couvens de religieuses Ursulines, dont la plupart sont françaises, et qui se livrent à l’éducation des demoiselles et des filles pauvres. Elles sont obligées de faire venir des novices d’Europe, des Antilles et même du Brésil ; le gouvernement ne leur permet pas d’en prendre parmi les Américains.

La Nouvelle-Orléans est extrêmement commer-

  1. On sait que la brasse comporte ordinairement 5 à 6 pieds ; mais il paraît que l’auteur de cette lettre ne l’évalue qu’à 2 pieds et demi.