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VOYAGES.

pereur lui-même, qui, avant son couronnement, est obligé de venir lui rendre hommage. C’est au reste la seule marque de sujétion à laquelle il se soumette, car d’ailleurs il laisse à peine au Dayri de quoi s’entretenir. Cependant le palais qu’il habite est d’une magnificence extraordinaire, au-dessus même de celle qu’on admire dans les palais de l’empereur et du prince son fils. Je ne le sais toutefois que par ouï-dire, car je n’ai pu voir le Dayri, qui, ainsi que je l’ai dit plus haut, ne se montre à personne et ne sort jamais de son palais.

Un vice-roi nommé par l’empereur gouverne la ville de Méaco ; sa juridiction ne s’étend pas au-delà des canaux qui entourent cette ville, et il n’a aucune autorité sur celles de Faxime, Sacay, Usaca, qui sont très-considérables, et situées à très-peu de distance de Méaco, dont l’immense population donne à son gouverneur plus d’occupation que ne pourrait le faire un royaume moyen de notre Europe. Ce magistrat tient une cour presqu’aussi somptueuse que celle de l’empereur ; il a sous ses ordres six vice-gouverneurs. Il m’accueillit et me traita avec beaucoup de distinction et d’affabilité, et se montra très-curieux d’apprendre des détails sur l’Espagne ; et, pour me témoigner sa reconnaissance du plaisir que je lui avais procuré en répondant à toutes ses questions, il me donna à son tour les informations les plus détaillées sur la belle et grande ville dont il était le vice-roi. J’étais ébahi du récit de toutes ces merveilles, dont j’avais la preuve sous les yeux ; mais je dissimulai mon éton-