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VOYAGE AU JAPON.

regarder comme la plus grande ville du monde connu. Elle est située dans une vaste plaine parfaitement bien cultivée. Ses murailles ont dix lieues de tour. Je puis certifier ce fait, les ayant moi-même parcourues dans toute leur étendue. Je montai à cheval à sept heures du matin ; je me reposai une heure vers midi, et je n’arrivai que le soir, à l’entrée de la nuit au point d’où j’étais parti. C’est à Méaco que réside le Dayri, roi légitime du Japon, qui porte le titre de Boy. Ce prince descend, en ligne directe, des fondateurs de l’empire, et, comme les Japonais croient qu’il est de la dignité de leurs souverains de n’être point vus et de ne pas se communiquer au peuple, ce monarque est toujours enfermé dans son palais. C’est le Dayri qui, en droit et justice, devrait gouverner l’empire ; mais, il y a quelques années, Taïcosama réduisit par la force des armes à son obéissance tous les Tonos ou seigneurs du royaume, et ne laissa au Dayri que l’ombre de la souveraineté, qu’il exerce avec toutes les apparences de la suprême puissance, en donnant l’investiture de toutes les dignités, même de la dignité impériale. Tous les ans, à un jour fixé, tous les seigneurs viennent avec leurs insignes lui rendre hommage. L’empereur seul se dispense de ce devoir. Le Dayri est particulièrement le chef de la religion ; c’est lui qui nomme aux charges et emplois vacans parmi les bonzes : c’est ainsi qu’on nomme les prêtres des idoles.

Dans les actes et cérémonies extérieures, le Dayri est traité avec le plus grand respect par l’em-