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GÉOGRAPHIE.

de M. Caillié aurait mis à déployer un calcul de latitude qui n’est en réalité qu’une vétille, bonne à laisser exécuter, par dessous jambe, aux aspirans anglais de 12 ou 13 ans. J’ai bien peur qu’il ne faille attribuer au docte critique moins de triture en cette matière qu’à ses jeunes midshipmen, puisque, dans un calcul si aisé, il n’a point su découvrir et signaler une erreur capitale qui affecte la mesure de l’angle opposé à l’ombre nette : cet angle, qui marque la distance zénithale apparente du bord supérieur du soleil, se trouve en effet trop faible de tout un demi-diamètre solaire[1]. En relevant cette inexactitude il eût bien plus efficacement frappé à mort ce fastueux étalage (ostentations display) dont il est si vivement offusqué.

La longitude de Ten-Boktoue et de Séghou fournit au géographe anglais une nouvelle occasion de persifler le géographe français qui a associé son nom à la publication de M. Caillié, sur la trop grande confiance qu’il aurait accordée aux assertions de celui-ci, et sur le peu de cérémonie qu’il a mis à reporter de plusieurs degrés vers l’Ouest des longitudes que le major Rennel avait fixées avec un soin scrupuleux, d’après les meilleures autorités (on the most authentic and satisfactory data). Mon dessein n’est pas de me faire le champion des déterminations adoptées par M. Jomard, attendu que mon opinion personnelle diffère

  1. L’angle est en réalité, pour Ten-Boktoue, de 2° 42′ 18″ au lieu de 2° 26′, et pour Timé, de 22° 38′ 35″ au lieu de 22° 22′.