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VOYAGES.

gentilhomme, ayant tout perdu par un naufrage, étant presque nu, et moi, lui offrant toutes les grâces et faveurs qu’il voudra solliciter, se garde bien de me demander pour lui ni or ni argent ; mais il ne songe qu’aux intérêts de sa religion et de son roi. En conséquence, vous lui direz que je lui accorde tout ce qu’il me demande, et que j’ordonnerai qu’à l’avenir les religieux, amis du roi Philippe, qui sont au Japon, ne soient pas molestés ; car je veux conserver une bonne intelligence avec ce grand monarque. Mais, quant à l’expulsion des Hollandais, cela est très-difficile pour cette année, parce qu’ils ont ma parole royale de pouvoir séjourner au Japon ; qu’au reste, je le remercie de me les avoir fait connaître pour ce qu’ils sont. »

Telle fut la réponse que l’empereur fit à ma note. Le ministre me dit ensuite que son maître lui avait ordonné de me dire qu’il y avait à Zurunga un bon navire, et que si je le désirais, il me le ferait donner avec tous les agrès nécessaires pour me rendre à la Nouvelle-Espagne, et qu’il me ferait fournir tout l’argent dont je pourrais avoir besoin. S. A. l’avait également chargé de me dire qu’ayant appris qu’il y avait dans ce pays d’excellens mineurs, très-experts dans l’art d’extraire l’argent des mines, il désirait que le roi Philippe lui en envoyât cinquante, auxquels il ferait tous les avantages qu’ils pourraient souhaiter, parce que, bien qu’il y en eût beaucoup au Japon, ils étaient maladroits, et ne retiraient pas des mines