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GÉOGRAPHIE.

notre pseudo-Orion comme le petit groupe des quatre étoiles tertiaires du Lièvre accompagne l’Orion véritable ? β et ε du Cygne correspondraient en outre à β et ζ du grand Chien ; enfin, pour ajouter encore à l’illusion, la brillante Wéga marquerait la place de l’ardent Sirius[1].

Certes de plus habiles que M. Caillié eussent pu être induits en erreur par un tel enchaînement d’analogies, et je suis porté à trouver, dans une semblable méprise, bien plutôt un motif de créance en la sincérité du narrateur, qu’une cause de doute ; car, pour mentir en pareille matière, il lui eût été facile de prendre, et il n’est pas douteux qu’il n’eût pris des précautions, qu’il a dû négliger au contraire d’autant plus que le témoignage de ses yeux devait lui paraître incontestable. On connaît le proverbe : il n’est comptes exacts tels que ceux des fripons.

Je passe à l’objection qui concerne les deux Chariots : franchement elle m’embarrasse davantage, vu le degré restreint de connaissances astronomiques qu’il faut attribuer à M. Caillié ; car si nous lui supposions, je ne dirai pas une notion complète de la grande Ourse, mais seulement, outre les septem triones, celle du groupe d’étoiles tertiaires qui forment la tête, il n’y aurait plus de difficulté, puisque, dès minuit, ce groupe ne devait plus être

  1. Pour rendre cette similitude de disposition plus sensible à tout le monde, j’ai mis en regard, dans la petite planche ci-jointe, d’une part, Orion, avec le Lièvre, Sirius, et les autres étoiles que j’ai mentionnées dans le voisinage ; d’autre part l’Aigle et la Flèche, avec le Dauphin, Wéga, et les autres étoiles citées.