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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

qu’on reconnut que Laing était chrétien, il fut cruellement battu par ses agresseurs qui le laissèrent pour mort. Les Maures appartenant à la caravane le relevèrent, et parvinrent à le ranimer. Ils le placèrent ensuite sur un chameau ; mais il était si faible, qu’ils furent obligés de l’y attacher.

» Arrivé à Temboctou, le major pansa ses blessures avec un onguent qu’il avait apporté d’Angleterre. Sa convalescence, quoique lente, fut heureuse, grâce aux secours que lui valurent les lettres qu’il avait apportées de Tripoli, et surtout aux soins de son hôte tripolitain, à qui il avait été recommandé. J’ai souvent vu ce dernier pendant mon séjour à Temboctou, et il m’a paru doué de sentimens bons et généreux. Il me dit que Laing n’avait jamais quitté son costume européen, et qu’il avouait hautement avoir été envoyé par le roi son maître, pour connaître Temboctou et les merveilles que cette ville renferme.

» Il paraît que le voyageur leva publiquement un plan de la ville. J’appris, de plus, qu’on l’avait tourmenté à différentes reprises pour lui faire dire : Il n’y a qu’un seul Dieu, et Mahomet est son prophète, et qu’il s’était obstiné à s’arrêter après ces mots : Il n’y a qu’un seul Dieu. Alors on l’appela cafir et infidèle, mais sans lui faire éprouver de mauvais traitemens, et lui laissant la liberté de penser et de prier à sa manière. Sidi-Abdallahi, à qui j’ai souvent demandé si le major avait été insulté, m’a toujours répondu négativement, ajoutant qu’ils auraient