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VOYAGE À TEMBOCTOU.

était peu sensible à la surface. La profondeur de la partie où nous naviguions était de douze à treize pieds. Je ne pouvais revenir de ma surprise de voir au milieu des terres un aussi grand amas d’eau, dont l’aspect imprimait à l’ame un vif sentiment d’admiration. À cinq heures de l’après-midi, nous arrivâmes à Gabibi, village habité par des pêcheurs. Depuis notre entrée dans le lac, nous avions gouverné au nord-est ; nous repartîmes bientôt, et pour la première fois, depuis que je m’étais éloigné des côtes, je vis le soleil à son coucher, se plonger dans une espèce d’océan. Nous longeâmes la rive dans la direction de l’ouest-nord-ouest. À onze heures du soir, à peu près, nous nous trouvions devant Didhiover, grand village habité par des Foulahs qui, comme les Foulahs pasteurs, n’ont que des hutes de paille. »

L’existence de cette mer dans l’intérieur des terres est extrêmement remarquable, et vient à l’appui de l’opinion de ceux qui pensent que le Niger se perd dans de vastes lacs.

Plus loin, la petite flotte aperçut les rives habitées par la tribu des Sourgous ou Touariks, qui sont la terreur de tout ce qui les entoure, et se font redouter dans ces contrées comme les Felatahs dans l’ouest. Le 19 avril, le voyageur arriva à un endroit où la rivière se divise en deux branches. « La principale, large de trois quarts de mille, coule doucement à l’est-sud-est. La direction de l’autre est à l’est quart N.E. ; elle est profonde et a une largeur de trente cinq à quarante pas. À une heure après midi, nous arri-