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VOYAGE À TEMBOCTOU.
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dressé des tentes pour se préserver de la chaleur. Les nègres nous offraient leurs marchandises à acheter, et je me croyais transporté à un marché des rives du Sénégal. Le village, situé sur une petite éminence, est ombragé par quelques ronciers et un mimosa. La chaleur était suffocante…

» Le 31 mars, à six heures du matin, nous prîmes la direction du nord ; à sept, nous dépassâmes le village de Corocoïla, situé sur la rive droite, et qui a une population de cinq à six cents habitans, presque tous Foulahs. Dans tous les villages placés au bord de la rivière, on parle le kissour. C’est la même langue qu’à Temboctou et à Jenné. On y parle également le foulah. D’innombrables troupeaux de bœufs se montraient sur les rives du fleuve : à dix heures, nous nous trouvions à deux milles au nord de Cobi. Entre ce petit village et Corocoïla, est une jolie île d’environ deux milles de circonférence, couverte de la plus riche végétation, et que je fus fort étonné de trouver inhabitée. Dans la soirée, nous fîmes trois milles vers le nord, pour atteindre Cona, le premier village du pays de Banan, que les nègres appellent Banan-Dougou (terre de Banan). Cona a environ huit cents habitans tous nègres, et est placé sur la droite de la rivière dont les bords en cet endroit sont marécageux. L’équipage de notre bâtiment acheta de la poterie et des cuirs de bœufs qui servent pour les emballages. Les habitans nous apportèrent du lait, des giraumons et autres articles. Je vis en cet endroit deux Maures d’Adrar, propriétaires d’une grande pirogue jaugeant au moins quatre-vingts ton-