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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

« Le 13 juin, nous passâmes la rivière dans des canots de vingt-cinq pieds de long et de trois de large, où les Séracolets eurent assez de peine à faire entrer leurs ânes. Aussitôt qu’ils eurent touché le bord opposé, ils en témoignèrent leur allégresse en tirant plusieurs coups de fusil. Je demeurai toute la matinée exposé au soleil, car les bords de la rivière sont tellement nus que je n’y vis qu’un seul arbre. C’était un bombax énorme, mais sous l’ombre duquel tant de monde s’était réuni, qu’il me fut impossible d’y trouver place. Plusieurs filles et femmes entièrement nues se baignaient dans la rivière et paraissaient fort peu s’inquiéter de la présence et des regards des hommes. Après avoir fini leurs ablutions elles retournèrent au village avec des pagnes à la ceinture et des calebasses sur la tête. Il n’y avait que quatre pirogues pour transporter de deux cent cinquante à trois cents personnes ; aussi ce ne fut pas avant onze heures que nous fûmes tous parvenus à l’autre bord avec nos bagages. Nous nous dirigeâmes au sud-est. La chaleur qui était extrême m’avait donné un violent mal de tête, et j’ouvris mon parasol pour me garantir de l’ardeur du soleil. Après avoir traversé Sambarala, village situé sur la rivière, nous continuâmes notre trajet sur un terrain sablonneux, couvert d’une végétation vigoureuse, et entre autres arbres, de tamariniers. À trois heures environ, nous arrivâmes à Counancodo où je trouvai de beaux orangers. Nous avions fait neuf milles dans la journée.

Pendant ce long voyage, M. Caillié eut occa-