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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

alors à Tucopia étaient de jeunes garçons, et qu’il restait encore à Mannicolo quantité de débris de ce naufrage. Le Lascar confirma le rapport de Martin et dit qu’il était allé à Mannicolo, il y avait environ six ans, et y avait vu deux hommes âgés qui faisaient partie de l’équipage des bâtimens naufragés. On appela ensuite un Tucopien qui était revenu de Mannicolo, depuis six ou sept mois. Il déclara qu’il avait résidé pendant deux ans dans l’île près de laquelle s’étaient perdus les deux bâtimens et qu’on pouvait encore sauver quelques débris de ce naufrage. D’après tous ces renseignemens donnés d’une manière naïve, je conclus sur-le-champ que les deux bâtimens en question devaient être ceux du célèbre et infortuné Comte de Lapérouse, puisqu’on n’avait pas entendu parler de la perte de deux grands bâtimens européens autres que ceux-ci à l’époque indiquée.

Je fis demander aux insulaires si, postérieurement à ce naufrage, quelqu’autre bâtiment avait touché à Mannicolo ; ils répondirent que non ; que l’on avait bien vu quelques navires passer à une grande distance de l’île, mais qu’aucun n’avait communiqué avec la terre.

J’étais fort à court de vivres ; cependant je pris la résolution de me rendre à Mannicolo, et, avec les faibles moyens que je possédais, d’arracher des mains des sauvages les deux hommes qui avaient survécu au naufrage, et qui, je n’en doutais nullement, devaient être Français

Je priai Martin Bushart et le Lascar de m’ac-