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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

des insulaires, ainsi que des renseignemens sur les personnes emmenées à bord du Hunter.

De 1813 jusqu’en mai 1826, je n’entendis point parler de Martin Bushart. En revenant, dans le courant de cette dernière année, de Valparaiso et de la Nouvelle-Zélande, et faisant route pour le Bengale, je me trouvai à vue de Tucopia le 13 mai au matin, et bientôt plusieurs pirogues quittèrent l’île et se dirigèrent vers mon bâtiment. Dans la première qui approcha je reconnus le Lascar Joe et je l’invitai à monter à bord. Il ne parvint à me reconnaître qu’au moment où je lui dis que j’étais le capitaine du cutter qui l’avait emmené des îles Biti et débarqué à Tucopia avec Martin Bushart. Il paraissait avoir oublié la langue indienne, et ne put répondre ni à moi ni à mes domestiques dont trois étaient ses compatriotes. Son langage était un mélange de bengali et d’anglais avec les dialectes des Biti et de Tucopia.

La seconde pirogue qui nous accosta portait Martin Bushart. Je l’invitai aussi à monter à bord. Il ne me reconnut pas plus que le Lascar, jusqu’à ce que je lui eusse rappelé notre ancienne connaissance et notre miraculeuse évasion lors du massacre de Vilear. Il me dit qu’aucun bâtiment n’avait paru près de Tucopia durant les onze premières années qui suivirent son débarquement dans cette île ; qu’il y avait environ vingt mois qu’un baleinier était venu pêcher dans les environs pendant un mois ; qu’il était allé à bord de ce navire et y était resté jusqu’au moment où il avait remis à la voile pour