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VARIÉTÉS.

Voilà ce qui se pratique constamment à Rome tous les 25 ans.


II. — Du Carnaval et de la semaine sainte.


Dans notre ville, le carnaval est un vrai temps de dissipation et de folies. Les spectacles de tous genres, les courses de chevaux, les mascarades, se succèdent sans relâche ; il n’y manque que les festins qui sont très-rares et qui se réduisent à quelques dîners diplomatiques très-longs, mal servis et fort ennuyeux.

Les mascarades ont lieu principalement les dimanches, lundi et mardi gras ; mais elles ne sont permises qu’après le signal donné par la cloche de Saint-Pierre, vers les trois heures après midi. Rien de plus curieux que de voir devant chaque maison, des hommes, des femmes et des enfans déguisés et tranquilles, attendre ce signal si désiré, le masque à la main. Au premier son de la cloche, chacun, comme d’un mouvement spontané, couvre sa figure du masque, et les rues, les places publiques sont obstruées d’individus déguisés, courant, chantant et faisant toutes sortes de pasquinades et de folies, tandis que les gens du bon ton, fort bien habillés, et masqués ou non, parcourent en calèche la longue rue du Cours, lançant, avec des cuillers de bois, recouvertes de papier d’argent, et recevant des nuées de confetti (espèces de petites dragées de plâtre, de la grosseur d’un pois vert). Jadis ces confetti étaient de véritables bonbons en sucrerie. C’était alors une galanterie que l’on faisait aux dames ; actuellement c’est un jeu d’enfant, qui couvre les habits d’une grêle de taches blanches. On prétend qu’il se vend plus de deux mille quintaux de ces confetti, dans les trois jours de notre carnaval. Au coucher du soleil, tous les masques se retirent, les voitures rentrent, les rues et les places se désemplissent au son de l’Angélus et, à une heure de nuit, la ville paraît aussi tranquille et aussi déserte que dans les temps ordinaires.