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UNE RENCONTRE DE BANDITS AU MEXIQUE.

passé. En apprenant qu’un des voyageurs vivait probablement encore, ils s’approchèrent de moi, me virent respirer, et me soulevèrent doucement. Ma première pensée, mon premier mot, furent de demander de l’eau, pour chercher à apaiser cette soif qui parcourait mes veines, qui brûlait chaque partie de mon corps, et que ne peuvent imaginer ceux qui ne l’ont pas éprouvée. Une gourde appliquée à mes lèvres fut vidée en un instant et ne me suffit pas ; mais on eut la précaution de se refuser à ma demande, et de ne pas me faire boire davantage.

J’allais prier qu’on me soulevât pour être transporté, lorsque l’arrivée d’un alcade détourna l’attention. Lorsqu’on lui eût rendu à peu près compte de ce que l’on savait déjà, il s’adressa à moi, et me demanda où j’étais blessé. – Partout, lui répondis-je, à la poitrine, au bras, et je souffre horriblement.

— Eh bien ! dit-il, je vais songer à vous aussitôt que j’aurai fait mon procès-verbal. On peut juger si cette formalité me parut longue, si j’en désirai la fin avec ardeur. L’alcade visita les cadavres de mes compagnons, explora les lieux, examina la voiture, écrivit, et le tout, avec le flegme, la gravité, la mesure d’un magistrat qui sent l’importance de ses fonctions. J’eus cependant le plaisir indicible de le voir terminer. Alors ce ne fut pas sans beaucoup de peine qu’on parvint à me soulever, à mettre le premier appareil à mes blessures, et à me placer dans la voiture, de ma-