Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/412

Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
ARCHIVES HISTORIQUES.

— Nous en avons entendu un autre

— C’est un des Anglais qui soupirait.

— Encore ! il a donc la vie plus dure qu’un chat, — et de nouveau ils m’entourèrent, prêts sans doute, à en terminer avec moi. — De grâce, leur dis-je faiblement, laissez-moi mourir tranquille, prenez tout ce qui reste dans la voiture et laissez-moi. »

— Il y a donc de l’argent caché dans cette voiture ; où est-il ?

Je me rappelai en ce moment que j’avais placé dans un des coussins cinq ou six doublons qui, probablement avaient échappé au pillage, et je les leur indiquai. Ils les trouvèrent en effet, remontèrent à cheval et s’éloignèrent après m’avoir souhaité un bon voyage à tous les diables. Je demeurai de nouveau gisant et souffrant ; chaque minute me semblait un siècle d’agonie, et le souvenir de tout ce qui m’était arrivé, de tout ce que j’avais éprouvé, s’offrait si clairement, si distinctement à ma mémoire, que je croyais assister aux moindres détails de ce funeste événement. Je crus entendre enfin des pas de chevaux ; le bruit augmenta graduellement, et bientôt apparut une troupe de cavaliers qui entourèrent la voiture. Ils parlaient tous à la fois, et je pus avec peine distinguer ces mots au milieu de discours coupés et interrompus. — Ces anglais se sont défendus comme des diables. Ont-il tous été tués ? — Ils détachèrent ensuite le postillon que les brigands avaient lié à une roue, et les deux femmes qui parurent leur raconter avec vivacité ce qui s’était