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ARCHIVES HISTORIQUES.

furent déshabillés en un instant, et on en vint à moi. L’excès de fatigue et d’épuisement où je me trouvais ne me permit pas de retenir ma respiration comme je l’avais déjà fait une fois. Le brigand qui avait mis la main sur moi pour me dépouiller de mon habit militaire s’en aperçut, fit une exclamation de surprise. Me voyant découvert, j’ouvris les yeux et trouvai penché sur moi un grand homme à figure sinistre à barbe noire et moustaches. — Holà ! s’écria-t-il, voilà un de ces coquins qui n’est pas mort. Les autres m’entourèrent. Un d’eux releva une pique qu’il avait à la main, et voulut m’en porter un coup. Je l’évitai en employant le reste de mes forces à détourner mon corps, et l’arme s’enfonça dans la terre à côté de moi.

En cet instant, l’attention fut captivée par le bruit du galop d’un cheval. C’était l’arrivée du capitaine qu’on attendait et qui criait en approchant : — Alerte, alerte ! voici les soldats.

— Voilà un Anglais qui n’est pas mort, dit un homme de la troupe, qu’en ferons-nous ? — Qui n’est pas mort ! dit le capitaine en mettant pied à terre ; voyons. — Il tira un poignard du fourreau et se dirigea vers moi ; mais en passant auprès des deux femmes, il s’arrêta devant l’une d’elles et lui demanda si j’étais un de ceux qui avaient fait feu. — Oui, monsieur, dit-elle terrifiée par le regard du brigand, qui dans l’instant fut à mes côtés. Il mit un genou sur mon cou, leva le poignard, perça ma main gauche que j’avais posée sur ma poitrine, le retira, et le plongea à plusieurs reprises dans mon sein.