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ARCHIVES HISTORIQUES.

Les traditions historiques des Muyscas conduisent encore également soit au Japon, soit en Asie ; car leur premier pontife, le mystérieux Bochica, dont le nom Sué est celui du soleil, et qui, par une coupure dans les rochers, dessèche, après une funeste inondation, le plateau de Bogota, rappelle le roi Yao, roi aussi célèbre au Japon qu’à la Chine, sous lequel un déluge funeste arrive comme sous Bochica, dont le nom s’applique aussi à celui du soleil levant, et qui, par une coupure dans les montagnes, dessèche également son empire, comme le fait Bochica, produisant alors cette belle cascade que nous a si élégamment décrite M. de Humboldt.

Et quand Bochica fait élire, pour premier roi du pays desséché, le sage et illustre Huncahua, on voit encore ici la tradition japonaise, qui rapporte que Yao s’adjoignit et eut pour successeur le prince Chun, non moins célèbre par ses vertus que le premier zaque ou roi de Bogota, Huncahua, les noms ayant ici encore presque la même pronociation, Chun ou Hun.

S’il est donc maintenant quelque chose de prouvé en philologie, c’est l’origine purement japonaise des peuplades les plus civilisées de la Nouvelle-Grenade et du plateau de Bogota. Tous les voyageurs, en effet, qui ont pénétré, soit dans le Mexique, soit au Brésil, soit à Bogota, ont été frappés des analogies de traits et de figures qui existent entre la race plus ou moins cuivrée d’Amérique, et la race jaunâtre du Mongol et des peuples du nord-est de