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ARCHIVES HISTORIQUES.

dats anglais et en ont reçu le nom de braves et loyaux camarades. On a vu, quand les hasards d’une campagne avaient décimé leurs chefs, les soldats marcher au combat, guidés seulement par des sous-officiers, et se battre avec la même résolution. J’en appelle à tous les militaires, et je demande quelles troupes, dans de semblables circonstances, auraient déployé plus de courage et d’énergie.

Bien traités, ce sont des soldats fidèles et reconnaissans. Jamais ces qualités n’ont brillé d’un plus vif éclat que dans la guerre contre Hyder-Ali. On devait 16 mois de paie à l’armée ; tout le pays était dévasté ; l’ennemi campait aux portes de Madras, offrant l’abondance et l’argent aux Cipayes, s’ils voulaient déserter ; ce fut en vain. Souvent on fut obligé de combattre pour conquérir la possession d’un champ ou d’un ruisseau que l’ennemi tenait en son pouvoir. La conduite des soldats pendant cette guerre excita l’admiration même du grand Frédéric, qui s’écria qu’avec de pareilles troupes il ferait la conquête de l’Europe.

Leurs lois religieuses les empêchent de préparer leur nourriture à bord d’un vaisseau ; cependant, lorsque le gouvernement a eu besoin de leurs services, les Cipayes se sont toujours volontairement embarqués, et pendant toute la traversée, la plus grande partie ne vivait que de fruits secs et de grains grillés. Cette rigidité à suivre les préceptes de leur religion ne nuisait en rien à leur courage. Arrivés au lieu de l’attaque, ils n’en étaient