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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

entières de palmipèdes nagent en tous sens sur la surface des baies et des étangs ; des huîtriers guettent le moment où les mollusques entr’ouvrent les valves de leurs coquilles pour y enfoncer leur bec façonné en lame de couteau, et en arracher l’animal imprudent ; et paraissent absorbés par le besoin de nourriture qui les affame sans cesse. Là des mouettes simulent dans l’air des nuées mouvantes, tant elles aiment à se réunir pour tourbillonner en essaims pressés. Plus loin, de vastes surfaces de rochers disparaissent sous des couches de fiente, que depuis des siècles y déposent sans cesse les oiseaux qui les fréquentent. Tout est animé, plein de vie, lorsqu’on se rend compte des mœurs des êtres qui habitent ces terres en apparence désolées ; et la solitude n’est véritablement sentie que par l’homme, habitué à considérer son espèce comme la seule privilégiée de la nature.

Les quadrupèdes qu’on trouve aujourd’hui sur les Malouines sont des bœufs, des chevaux, des cochons et des lapins, qu’y portèrent autrefois les Espagnols. Malgré les chasses actives des baleiniers, leur multiplication n’a point été entravée. Mais les seuls mammifères véritablement indigènes sont les phoques et les dauphins, et surtout le loup antarctique, carnassier, destructeur et misérable, sans cesse à l’affût pour saisir une proie, et obligé le plus souvent de parcourir les rivages pour y découvrir quelques débris rejetés par les flots.

Si les oiseaux inoffensifs sont nombreux, cela tient sans doute à l’instinct conservateur qui leur