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VOYAGE AUTOUR DU MONDE.

qui n’est pas sans agrément, et les tiges du baccharis de Magellanie pourraient, par leur légère amarescence, remplacer le buis et le houblon dans la confection de la bierre. Introduites dans nos parterres, la calcéolaire, la violette jaune et le perdicium à fleurs suaves, feraient les délices de nos florimanes. Mais de tous les végétaux des Malouines, le bolax est peut-être le plus singulier : qu’on se figure, en effet, une agglomération de tiges serrées, pressées à se toucher, toutes égales, s’élevant sur sol en demi-sphère régulière, et l’on n’aura encore qu’une image imparfaite du développement uniforme que ce végétal acquiert. Pernetty lui donne le nom de gommier, parce qu’il en suinte au temps de la floraison une gomme résineuse assez analogue à de l’opoponax.

Sur ces terres isolées, les animaux n’ont d’autres ennemis que les navigateurs qui y séjournent passagèrement. Leurs espèces s’y sont accrues en paix pendant des siècles, et plusieurs d’entre elles n’ont même point appris à fuir les dangers qui les entourent ; car il n’est pas rare de toucher avec la main des volatiles dont la confiance, ou ce que certains navigateurs ont nommé stupidité, rappelle l’âge d’or de la création. Cette inexpérience des animaux, par rapport à l’homme, n’est peut-être pas la physionomie la moins neuve des contrées inhabitées qui nous occupent. Leurs plages schisteuses et noirâtres fourmillent d’oiseaux, qui y digèrent paisiblement et dans une immobilité parfaite les poissons qu’ils ont pêchés dans le jour. Des tribus