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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

de petits arbustes. C’est l’usnée mélaxanthe que sa teinte jaunâtre, ses tiges annelées de brun, et ses cutelles d’un noir profond, son habitation sur les escarpemens exposés aux tempêtes australes, rendent intéressant aux botanophiles. De la grêle, de la neige et de la pluie, nous forcèrent à chercher un refuge dans des anfractuosités de la montagne ; mais quelques heures suffirent pour apporter des changemens dans cette température éminemment variable, et le soleil qui brilla un instant éclaira la surface de la Soledad. Notre vue se portait au loin sur la pleine mer, où des cétacés n’apparaissaient que comme un point noir sur sa nappe d’azur. La surface de l’île était dominée au centre par le mont Chatellux, point culminant, d’où s’irradiaient une foule de petites chaînes se dirigeant en tous sens, et entre lesquelles serpentaient des bras de mer, des ruisseaux, ou qu’interceptaient des lacs d’eau salée. Les pins avec leur teinte rougeâtre, le ciel presque continuellement chargé de vapeurs, un jour terne et décoloré, des vents pleins de violence, donnaient à cette scène un aspect lugubre et sauvage. Quelques troupes de chevaux galopant en liberté dans des pâturages sans enclos, ou des taureaux et des génisses fuyant le voisinage des côtes, apportaient seuls quelque diversion à l’abandon et à la solitude de cette terre.

En rejoignant au soir la Coquille, nous rencontrâmes sur la grève M. Roland, notre maître canonnier. Sa chasse avait été heureuse, car il avait tué un taureau et deux porcs. Le premier pesait,