Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/338

Cette page a été validée par deux contributeurs.

RELÂCHE
AUX ÎLES MALOUINES
DESCRIPTION DE LA SOLEDAD.
(Communiqué par M. Lesson.)

Le 18 novembre 1822, nous mouillâmes au milieu de la Baie française, à une grande distance de la terre, dans une position isolée. Les grains de pluie, de grêle, et le vent soufflant par raffales, avec une effroyable énergie, s’opposaient à ce que nous puissions communiquer avec la terre ; et cependant c’était à qui témoignerait le plus d’ardeur pour s’y rendre ; à qui pourrait le premier l’interroger sur ce qu’elle produit. Le 21, on se décida à expédier des chasseurs ; leur retour procura le plus vif plaisir : car ils ne venaient pas les mains vides ; et le grand nombre d’huîtriers, d’oies, de bécassines qu’ils avaient tués, nous promettaient un confort nullement à dédaigner. Les matelots expédiés dans l’embarcation qui porta nos pourvoyeurs, ne restèrent point oisifs sur la grève ; ils aperçurent quelques jeunes chevaux, issus de races qu’y introduisirent les Espagnols. Les poursuivre avec vigueur fut leur première idée ; et, à la suite soit de lassitude, soit de manœuvres bien combinées, ils