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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

en temps parmi ceux qui étaient humblement agenouillés, appuyés sur leurs mains autour de la grille d’or.

Le monarque était environné d’à peu près vingt seigneurs, ministres ou principaux courtisans, vêtus de longs manteaux de soie et de caleçons de la même étoffe, tellement longs, qu’ils leur cachaient entièrement les pieds. L’Empereur était assis sur une espèce de fauteuil de satin bleu ouvragé, semé d’étoiles et de demi-lunes d’argent. Il portait, à la ceinture une épée ou catana, et avait les cheveux tressés avec des rubans de diverses couleurs sans autre coiffure. Son âge me parut être de soixante ans, et sa stature moyenne, avec assez d’embonpoint. Son visage était vénérable et gracieux, mais beaucoup moins brun que celui du prince son fils. Je m’approchai entre les deux ministres dont j’ai parlé, en faisant les révérences et les cérémonies usitées à la cour d’Espagne ; et mes deux introducteurs m’ayant prévenu que je ne devais pas baiser les mains du monarque, je restai debout auprès du siége qui m’avait été préparé. Jusque là l’Empereur avait gardé un sérieux imperturbable ; mais dès que j’eus terminé mes salutations, il baissa un peu la tête et me sourit avec affabilité en me faisant signe de la main de m’asseoir. Je m’inclinai de nouveau très-respectueusement, et je restai debout ; mais il me fit de nouvelles instances auxquelles je cédai et je m’assis. Il m’ordonna de me couvrir, et après un silence de près d’un demi-quart d’heure il chargea deux secrétaires qui