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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

d’air, il ressemble à une vapeur brûlante, qui dessèche les poumons. J’éprouvais un malaise continuel.

La caravane destinée pour Tafilet était encore à Temboctou pour quelques jours, et j’étais prévenu qu’il n’en partirait pas d’autre avant trois mois ; je me décidai à profiter de celle-ci. Je craignais de rester à Temboctou aussi long-temps, malgré les invitations réitérées de mon hôte, qui préférait, disait-il, de me voir reprendre la route de Tripoli par Ardamas[1], plutôt que celle de Maroc. Il me prévint qu’il avait le projet de faire une collecte à mon profit, mais que mon départ si prochain ne lui laisserait pas assez de temps pour l’effectuer : enfin il me représenta que, si je voulais rester, mon séjour fût-il de plusieurs mois, je ne dépenserais rien chez lui. Je ne savais comment me défendre de tant d’obligeance, et ne voulais cependant rien changer à mes résolutions. Je lui objectai que je craignais de voyager pendant la saison des pluies ; Abdallahi, me voyant bien décidé, me dit qu’il allait s’occuper de me trouver un bon guide pour me conduire jusqu’à Tafilet.

Les Maures avec lesquels j’allais voyager étaient bien loin d’être aussi doux et aussi civilisés que ceux qui sont établis dans la ville. J’avais souvent occasion de les voir ; car ils venaient me trouver où j’étais assis ; ils m’importunaient souvent, me ré-

  1. Peut-être Aghdamas ou Ghadamis, mot dans lequel gh a le son de l’r grasseyée.