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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

propositions. D’ailleurs, mon départ pour l’intérieur de l’Afrique, n’étant point connu authentiquement, tomberait dans l’oubli si je venais à périr et les observations que j’avais pu faire seraient perdues pour mon pays. Ces considérations m’engagèrent à effectuer mon retour le plus tôt possible. Comme l’occasion sur laquelle je comptais, ne devait pas tarder à se présenter, je tâchai de mettre à profit le peu d’instans qui me restaient. J’allai visiter la grande mosquée de l’ouest ; elle est plus vaste que celle de l’est, mais elle est construite dans le même genre ; les murs en sont mal entretenus, les enduits sont dégradés par les pluies qui tombent pendant les mois d’août, septembre et octobre, pluies qui sont toujours amenées par des vents d’est et accompagnées d’orages violens. Plusieurs contre-forts sont élevés contre les murs, pour en prévenir l’écroulement. Je montai sur la tour, dont l’escalier, placé intérieurement, est presque démoli ; j’y revins même plusieurs fois pour écrire mes notes ; ce lieu peu fréquenté me mettait en position de n’être pas aperçu. Dans le cours de mon voyage, j’ai toujours eu soin de me cacher pour écrire, afin de ne pas éveiller l’attention soupçonneuse des musulmans ; c’était toujours dans les bois, à l’abri d’un buisson ou d’un rocher, que je mettais par écrit tout ce qui m’avait paru digne de remarque[1].

  1. En plaine, dans le désert, pour écrire mes notes, je m’asseyais, tenant sur les genoux des feuillets du Coran, que j’étais censé copier et étudier.