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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

pas usage, tandis que tous les nègres de Temboctou et les Maures des tribus sont armés de fusils doubles.

Les Foulahs des environs de Jenné, conduits par Ségo-Ahmadou, leur chef, vinrent attaquer les Touariks ; les Foulahs étaient en petit nombre, à cause de l’éloignement de leur pays et de la difficulté d’avoir des vivres en réserve ; cela n’empêcha pas qu’ils ne remportassent la victoire ; ils firent beaucoup de prisonniers touariks, qu’ils livrèrent au supplice, et emmenèrent avec eux une foule d’esclaves et de bœufs, qui enrichirent les vainqueurs. Cette défaite prouve qu’ils ne sont pas aussi à redouter qu’ils le paraissent, et qu’ils ne sont hardis que contre ceux qui les craignent. Si leurs tributaires, soutenus par les Maures leurs voisins, entreprenaient de secouer le joug, ils réussiraient bien vite ; mais les nègres, en général, sont indolens, et les Maures, adonnés au commerce, n’ont pas le caractère martial. Ségo-Ahmadou, indigné de voir ces Touariks, qui sont musulmans, peu zélés à la vérité, imposer des droits aux embarcations qui viennent de son pays, s’est décidé à leur faire la guerre ; mais il est trop éloigné pour la soutenir long-temps. J’ai présumé que le voyageur Mungo-Park pouvait bien avoir été massacré par ces hommes barbares.

Après quatre ans de séjour, soit à Jenné, soit à Temboctou, les Maures retournent dans leur patrie, avec leur petite fortune ; ils emmènent beaucoup d’esclaves ; cependant la plupart préfèrent