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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

Jenné et à Temboctou. Les esclaves ont des culottes pareilles à celles des Maures qui habitent les bords du Sénégal. Le costume des Touariks ne diffère de celui des Maures que par la coiffure ; ils ont l’habitude de porter, jour et nuit, une bande de toile de coton qui leur passe sur le front, descend sur les yeux, et même jusque sur le nez ; car ils sont obligés de lever un peu la tête pour y voir ; la même bande, après avoir fait un ou deux tours sur la tête, vient passer sous le nez, et descend un peu plus bas que le menton, en sorte qu’on ne leur voit que le bout du nez ; ils ne l’ôtent ni pour manger, ni pour boire, ni pour fumer, il ne font que soulever cette bande de toile, que les nègres nomment fatara.

Les Touariks fument beaucoup. Ils ont tous de beaux chevaux et sont bons cavaliers, belliqueux, mais cruels ; ils sont tous armés de trois ou quatre piques, et d’un poignard, qu’ils portent au bras gauche ; la lame est en haut, et la poignée touche sur le dessus de la main ; il y a au fourreau de ces poignards un manchon dans lequel on passe la main ; ils sont droits, assez bien faits ; on les apporte des bords de la Méditerranée. Ces hommes ont en outre des boucliers en cuir de bœuf tanné, qui sont travaillés avec beaucoup de goût, et ont la forme de ceux des anciens chevaliers, excepté qu’ils sont carrés du bout[1] ; ils sont couverts de jolis dessins : ces boucliers sont assez larges pour

  1. Comme ceux des anciens Égyptiens.