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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

donner l’épouvante à cinq ou six villages. À Temboctou, on ne laisse plus sortir les esclaves hors de la ville après le coucher du soleil, de peur qu’ils ne soient enlevés par les Touariks qui s’emparent de vive force de ceux qui leur tombent sous la main, et rendent bien plus déplorable la condition de ces malheureux. J’en ai vu dans leurs petites embarcations, presque tout nus, et à chaque instant menacés par leurs maîtres d’être frappés.

Les Touariks sont riches en bestiaux ; ils ont de nombreux troupeaux de moutons, bœufs et chèvres ; le lait et la viande suffisent à leur nourriture. Leurs esclaves recueillent la graine du nénuphar, qui est très-commun dans tous les marais environnans ; ils la font sécher et la vannent ; elle est si fine, qu’elle n’a pas besoin d’être pilée ; ils la font cuire avec leur poisson. Les peuples nomades ne cultivent point ; leurs esclaves ne sont occupés qu’à soigner leurs troupeaux, ils n’ont pour leur consommation d’autre grain que celui qu’ils tirent des flottilles venant de Jenné à Temboctou. Au moment de la crue des eaux, les Touariks se retirent un peu dans l’intérieur, où ils trouvent de bons pâturages ; ils ont de nombreux troupeaux de chameaux, dont le lait est une ressource toujours certaine.

Les Foulahs qui habitent aux environs du fleuve ne sont pas soumis à ces barbares : cette race bien supérieure à la race purement nègre, est pleine d’énergie ; elle est trop belliqueuse pour subir un joug aussi honteux. Ces Foulahs ne parlent pas la langue poulh du Fouta-Dhialon ; je leur ai adressé quel-