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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

de beurre la tête et le corps, mais moins profusément que les Bambaras et les Mandingues. La grande chaleur, augmentée par le vent brûlant de l’E., leur rend cette habitude nécessaire. Les femmes riches ont une grande quantité de verroteries au cou et aux oreilles ; elles portent, comme à Jenné, un anneau aux narines ; celles qui ne sont pas assez riches remplacent cet anneau par un morceau de soie rouge : elles mettent des bracelets en argent, et des cercles en fer argenté aux chevilles ; ceux-ci sont fabriqués dans le pays. Au lieu d’avoir une forme arrondie, comme ceux des bras, ils sont plats et ont quatre pouces de large ; ils y gravent quelques jolis dessins.

Les esclaves femelles des gens riches ont quelques parures en or au cou, au lieu de boucles d’oreilles, comme aux environs du Sénégal, elles ont de petites plaques en forme de collier. Quelques jours après mon arrivée à Temboctou, je rencontrai un nègre qui en promenait deux dans la rue, que je reconnus pour avoir passé avec moi sur la même pirogue : ces femmes étaient un peu âgées ; mais leur maître, pour leur donner un air de jeunesse favorable à la vente, les avait très-bien habillées ; elles portaient de belles pagnes blanches, avec de grosses boucles en or aux oreilles, et chacune deux ou trois colliers du même métal. Je passai auprès d’elles ; elles me regardèrent en souriant, et ne parurent nullement fâchées de se voir promener dans les rues pour être vendues ; indifférence que j’attribuai à l’état d’abrutissement dans lequel les tient