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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

ciables des autorités du pays. Je priai mon hôte de me conduire chez le roi, il y mit sa complaisance ordinaire.

Ce prince nous reçut au milieu de sa cour ; il était assis sur une belle natte avec un riche coussin : nous nous tînmes assis à une petite distance de sa personne. Mon hôte lui dit que je venais lui présenter mon hommage : il lui raconta mes aventures. Je ne pus pas comprendre leur conversation : car ils parlaient la langue des Kissours. Le roi m’adressa ensuite la parole en arabe, me fit quelques questions sur les Chrétiens, sur la manière dont ils m’avaient traité. Notre visite fut courte, et nous nous retirâmes : j’aurais désiré voir l’intérieur de la maison ; mais je n’eus pas cette satisfaction. Ce prince me parut d’un caractère affable ; il pouvait avoir cinquante-cinq ans ; ses cheveux étaient blancs et crépus ; il était de taille ordinaire, avait une belle physionomie, le teint noir foncé, le nez aquilin, les lèvres minces, une barbe grise et de grands yeux ; ses habits, comme ceux des Maures, étaient faits en étoffes d’Europe ; il portait un bonnet rouge avec un grand morceau de mousseline autour, en forme de turban ; il avait des souliers en maroquin semblables à nos pantoufles de chambre, et faits dans le pays. Il se rendait souvent à la mosquée.

Il y a, comme je l’ai dit, beaucoup de Maures établis à Temboctou ; ils ont les plus belles maisons de la ville. Le commerce les enrichit tous très-promptement ; on leur envoie en consignation des marchandises d’Adrar et de Tafilet ; il leur en vient