Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/262

Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

dit que j’étais pauvre, il renonça à l’espoir de rien obtenir de moi.

Enfin nous arrivâmes heureusement à Temboctou, au moment où le soleil touchait à l’horizon ! Je voyais donc cette capitale du Soudan, qui depuis si long-temps était le but de tous mes désirs. En entrant dans cette cité mystérieuse, objet des recherches des nations civilisées de l’Europe, je fus saisi d’un sentiment inexprimable de satisfaction ; je n’avais jamais éprouvé une sensation pareille, et ma joie était extrême. Mais il fallut en comprimer les élans : ce fut au sein de Dieu que je confiai mes transports ; avec quelle ardeur je le remerciai de l’heureux succès dont il avait couronné mon entreprise ! Que d’actions de grâce j’avais à lui rendre pour la protection éclatante qu’il m’avait accordée, au milieu de tant d’obstacles et de périls, qui paraissaient insurmontables !… Revenu de mon enthousiasme, je trouvai que le spectacle que j’avais sous les yeux ne répondait pas à mon attente ; je m’étais fait, de la grandeur et de la richesse de cette ville, une tout autre idée : elle n’offre, au premier aspect, qu’un amas de maisons en terre, mal construites ; dans toutes les directions, on ne voit que des plaines immenses de sable mouvant, d’un blanc tirant sur le jaune, et de la plus grande aridité. Le ciel, à l’horizon, est d’un rouge pâle ; tout est triste dans la nature ; le plus grand silence y règne ; on n’entend pas le chant d’un seul oiseau. Cependant il y a je ne sais quoi d’imposant, à voir une grande ville élevée au milieu des sables ; et l’on admire les