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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

sectes qui les dévorent. Ils y pullulent, et sont sans doute la cause des mouvemens continuels auxquels se livrent ces malheureux. La rigueur de leur climat les oblige à coucher dans la seule chambre où ils puissent faire du feu et dans laquelle est placé un immense lit rempli de paille et de mousse, et auquel des peaux crues et sales servent de couvertures. Toute la famille y repose, ou pêle-mêle ou tour à tour, sans observer des heures fixes de nuit ou de jour, mais à mesure que chaque individu se sent fatigué.

» Nous passâmes quelques jours à Dal, dans une maison de paysan. Si nous fûmes loin d’y rencontrer toutes les commodités dont un voyageur de nos contrées ne se prive pas sans peine, notre chien, en revanche, s’y trouva parfaitement à son aise, reposa d’un bon somme dans le lit commun, et le matin nous le trouvâmes endormi entre les enfans et leurs parens.

» Le sol continuellement couvert d’ordures où marchent ces malheureux, presque toujours pieds nus, ou n’ayant que des lambeaux de chaussures, qu’ils ne quittent pas même pour se coucher, est un autre moyen qui augmente et perpétue leur malpropreté. Mais leurs tables et les grossiers ustensiles dont ils se servent sont en général assez propres. Le dimanche que nous passâmes à Dal auprès de cette famille, on lava les enfans, on leur fit une espèce de toilette, et leurs joues rosées, leurs longs cheveux noirs tombant sur leurs épaules, leur donnaient un air de propreté inaccoutumée,