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ARCHIVES HISTORIQUES.

La division qui se porterait sur Oran et Trémécen, suivrait également le littoral de la mer ; elle serait de 8,000 hommes. On userait des moyens indiqués ci-dessus pour obtenir l’alliance et l’amitié de la puissante tribu des Beni-Ammer. Comme on pourrait craindre que la jalousie de l’Angleterre n’engageât un jour l’empereur de Maroc à nous attaquer du côté de Trémécen, il conviendrait de se mettre à couvert de cette invasion, en fortifiant cette dernière ville, ainsi qu’Oran.

Le pays une fois soumis, tous nos efforts devraient tendre à nous conserver l’amitié des habitans. Les juifs, bien traités par leurs nouveaux maîtres, s’attacheraient sans peine à eux. Les imans seraient gagnés facilement par des pensions, et par la faculté qu’on leur laisserait d’exercer librement leur culte. D’ailleurs, en appelant de ce côté les nombreuses émigrations européennes qui se dirigent aujourd’hui régulièrement vers l’Amérique, en leur concédant gratuitement une partie de l’immense quantité de terres incultes que la tyrannie de la régence a forcé depuis long-temps d’abandonner, on leur imposerait pour redevance le service militaire, sous le nom de milices. Au bout de quelques années de service, les soldats français pourraient être retenus dans le pays par les mêmes avantages et placés en colonies militaires, à l’exemple des Romains, dans les villes de la côte et de l’intérieur.

Ainsi, la possession d’Alger nous donnerait une colonie de deux millions d’habitans, susceptibles de