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EXPÉDITION D’ALGER.

contrée. La population, il y a deux ou trois cents ans, y était peut-être double de celle que l’on y compte à présent. La civilisation et l’industrie n’y ont fait aucun progrès ; l’art de la guerre même, le seul auquel les Barbares attachent quelque prix, est resté stationnaire, tel, en un mot, qu’il était au 16e siècle.

La première expédition tentée contre ce pays fut dirigée sur Oran par le cardinal Ximénès, sous le règne de Ferdinand d’Aragon.

Fernand de Cordoue, à la tête de douze mille hommes, s’embarqua à Malaga, le 3 septembre 1508, et débarqua dans la baie de Marsalquibir, attaqua et prit Oran, ville alors de trente mille ames. Il y laissa une garnison de cinq mille hommes, parmi lesquels on comptait deux mille cavaliers. Mais ayant voulu pénétrer dans le pays et y faire des conquêtes avec une armée aussi faible que celle qui lui restait, il essuya une défaite complète.

En 1510, sous les ordres de Pierre de Navarre, une nouvelle expédition de onze mille hommes d’infanterie et de quatre mille de cavalerie reprit Oran avec le pays d’alentour. Elle se porta ensuite sur Bugie, dont ce général se rendit maître.

En 1516, le même cardinal Ximénès envoya don Diégo Vera à la tête de neuf mille hommes, pour assiéger Alger. Il ne put y réussir, et ramena en Espagne son armée diminuée d’un tiers.

Fier d’avoir conquis Tunis en 1536, Charles-Quint médita la conquête d’Alger. Sans égard pour la mauvaise saison qu’il avait choisie pour cette