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LES FRANÇAIS EN ÉGYPTE.

« Le dimanche matin, les habitans, ne sachant que devenir, attendaient l’arrivée des Français. On apprit qu’ils étaient restés sur la rive occidentale. Les ulémas et les cheïkhs s’assemblèrent dans la mosquée d’Asary, et tinrent conseil. Ils résolurent d’envoyer une lettre aux Français pour connaître leurs intentions. Ils remirent leur lettre à un Barbaresque qui savait leur langue, et lui adjoignirent un second député. Tous deux arrivèrent peu de temps après et annoncèrent qu’ils avaient vu le général en chef des Français, et lui avaient remis la lettre qui avait été interprétée par le drogman, et dont le sens était : « Que voulez-vous ? » Lorsque le général en chef l’eut comprise, il répondit par le moyen du drogman : « Où sont vos Grands et vos cheïkhs ? pourquoi n’ont-ils pas paru, afin de prendre des dispositions pour assurer le repos ? » Ensuite il sourit aux députés, qui lui dirent : « Les chefs nous ont envoyés pour vous demander quartier. » Il répondit : « Dès le commencement nous leur avons envoyé le pardon. » (Il voulait parler de l’adresse citée plus haut.) Les envoyés reprirent : « Nous vous prions de nous la donner une seconde fois pour la tranquillité du peuple. » Il ordonna qu’on la leur donnât, et fit écrire une seconde lettre. Il dit ensuite : « Il faut que les cheïkhs et les officiers des janissaires viennent ici, afin que nous choisissions sept personnes pour former un conseil, et prendre des dispositions pour la sûreté générale. »

« Cette réponse rassura le peuple. Alors le cheïkh Moustapha-Savi, le cheïkh Suleiman-el-Gayouni et