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LES FRANÇAIS EN ÉGYPTE.

donnaient de se taire, et disaient que le Prophète et ses disciples se battaient avec le sabre et l’épée, et non avec des cris et des aboiemens comme des chiens ; mais on ne les écoutait pas.

« Il se passa alors une heure de grands malheurs (qui pourra le lire ou l’entendre !) : un grand nombre de princes et de soldats de l’armée orientale montèrent sur des bateaux pour passer de l’autre côté ; parmi eux était Ibrahim-bey. Il y eut une foule extrême au lieu de l’embarquement ; à leur arrivée à l’autre bord, la déroute était complète dans l’armée occidentale, le vent très-fort et le fleuve très-agité. Le sable élevé par le vent frappait au visage des Égyptiens ; personne ne pouvait ouvrir les yeux ; le vent venait du côté de l’ennemi ; c’est ce qui causa en grande partie la déroute.

« La colonne s’avança sur les retranchemens de Murad-bey, et se divisa en deux corps selon leur manière de combattre ; alors les tambours battirent la charge, il y eut un feu de file, de canon et de fusil. Le vent s’accrut, la poussière s’éleva, la fumée de la poudre apporta la nuit au monde, les oreilles étaient assourdies par le bruit ; on crut que la terre tremblait et que les cieux s’écroulaient. Le combat dura ainsi environ trois quarts d’heure. La déroute se mit dans l’armée occidentale. Elle était cernée par l’ennemi, la plupart des cavaliers se noyèrent, et quelques-uns furent pris par les Français qui s’emparèrent des retranchemens.

Murad-bey s’enfuit à Djizé, et Ibrahim-bey à