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LES FRANÇAIS EN ÉGYPTE.

cha de Tripoli et Youssouf-Pacha s’y trouvaient aussi. Murad-bey fit venir de grands bâtimens ainsi que les petits qu’il avait fait construire à Djizé, et les fit placer sur le rivage d’Embabè.

« Les rives orientale et occidentale étaient pleines d’artillerie et de troupes. Malgré tous ces préparatifs, la peur était dans le cœur des princes ; ils envoyèrent une partie de leurs gens au pays de Rïaf ; ils eurent soin de se faire préparer des montures pour assurer leur fuite en cas de revers. Toutes ces précautions augmentèrent la terreur des habitans : on arrêta ceux qui voulaient s’enfuir. Si l’on eût pu agir ainsi, personne ne serait resté au Caire.

« Le mardi, on invita au son de trompe tout le peuple à se rendre aux retranchemens. À chaque instant, on renouvelait cette invitation. Les boutiques furent fermées et on se rendit à Boulaq. Les artisans se réunirent et dressèrent des tentes ; on leur distribua des vivres. Tous les habitans firent des sacrifices en argent et en effets pour la défense de la ville ; mais les circonstances ne les favorisèrent pas.

« Seïd-Camer-effendi, chef des chérifs, monta au château, fit descendre le grand pavillon que l’on appelle le drapeau du Prophète ; il le fit déployer et se rendit à Boulaq. Il était escorté de plusieurs milliers d’hommes armés de bâtons et de massues ; ils marchèrent en récitant des prières. Les cheïkhs et les pauvres frappaient sur leurs tambours et jouaient d’une espèce de clarinette, tout le monde priant Dieu de donner la victoire sur les Français.