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ARCHIVES HISTORIQUES.

des juges. On délibère, on s’accorde à écrire à Constantinople pour donner la nouvelle de l’arrivée des Français, et annoncer que Murad-Bey rassemble l’armée pour les combattre.

« Béchir-pacha[1] envoie donc des lettres par terre à Constantinople, pour apporter de la thériaque du pays de l’Irak, ce qui signifie que le remède arrivera après la mort du malade.

« Pendant cinq jours on s’occupe des préparatifs de guerre, et les soldats dépouillent le peuple. Murad-bey, après la prière du vendredi, se met en marche et va camper à Djidiz-Assouad (Pont-Noir). Il y attend deux jours que ses troupes soient au complet. Ali, pacha de Tripoli, et Youssouf-Pacha, étaient amis intimes de ce bey, et se trouvaient avec lui dans le Djizé ; ils l’accompagnèrent avec de l’artillerie et de la cavalerie.

« L’infanterie, les soldats de marine, les piétons grecs et les barbaresques descendent le Nil sur de petits bateaux préparés par Murad-Bey. Après leur départ de Djisrul-Assouad, on envoie demander au Caire une chaîne de fer, forte et pesante, longue de soixante-cinq toises, pour la placer d’un rivage à l’autre, au détroit de la tour de Mugaïzel. C’était pour empêcher les vaisseaux ennemis d’entrer dans le Nil. Ali-Pacha, qui avait trouvé ce moyen de défense, voulait établir devant cette chaîne une

  1. Bekir-Pacha, alors wali d’Égypte, fait ici le rôle de généralissime ; Murad et Ibrahim, beys des mamlouks, sont représentés comme ses lieutenans.